Le Centre Céramique Contemporaine de La Borne

La Borne


Village de 204 habitants sur les communes d’Henrichemont et de Morogues, dans le département du Cher et la région Centre-Val-de-Loire. Longitude 2.5788210000000618  Latitude 47.285508 à 210 km au sud de Paris.
 

 

1 Une histoire en quelques mots
Aucune étude archéologique ou historique ne fonde l’état actuel des connaissances sur l’origine du village. Si la présence de potiers est attestée en 1260 à Achères et au cours des siècles suivants dans plusieurs villages au plus près des affleurements d’argiles de Myennes et au pourtour de la « Principauté de Boisbelle », le hameau de La Borne n’apparaît dans les textes qu’en 1606. Propriété depuis 1605 de Maximilien de Béthune, futur Duc de Sully, la principauté accueille la construction de la ville d’Henrichemont ainsi nommée en l’honneur du roi Henri IV. La Borne est située sur la limite séparant la principauté et les terres de Maupas – et donc actuellement sur les communes d’Henrichemont et de Morogues – à mi-distance de la ville en chantier et des filons de terre1. Le nouveau village attire les ateliers de poterie d’alentour qui s’y installent au début du XVIIe. L’argile locale est ce grès qui vitrifie à haute température et permet d’obtenir des récipients étanches. La production destinée à l’agriculture, à la conservation des aliments, à l’architecture et à la vie quotidienne est largement diffusée jusqu’au XIXe. Les fours immenses où cuisent les saloirs, appartiennent à plusieurs patrons qui emploient des ouvriers dont les différents métiers couvrent les étapes de fabrication et de cuisson. Le nom de Talbot est resté dans l’histoire ; au XVIIIe et au XIXe les créations originales d’objets figuratifs de Jacques-Sébastien (1769-1841) puis de Marie Talbot (1814-1874) sont entrées dans les musées. Les potiers-imagiers signent leurs œuvres. Marie Talbot est sans doute la première femme potière-sculpteure à revendiquer sa propre création d’un Fait par moi Marie Talbot. La Première Guerre mondiale, les bouleversements sociaux, l’exode rural, les nouveaux matériaux venus remplacer la terre pour les objets domestiques concourent à la lente extinction de la poterie traditionnelle. Mais la céramique ne connaîtra pas d’arrêt à La Borne. Joseph Massé (1878-1946), Armand Bedu (1891-1966) et François Guillaume (1901-1969) ouvrent discrètement de nouvelles voies entre les deux guerres. La Seconde Guerre mondiale favorise même le renouveau. La venue, en 1942, de Paul Beyer2 (1873-1945), artiste céramiste reconnu, et surtout la construction de son four à bois à flamme renversée conçu pour l’usage d’une personne - petit volume 0,5 m3 et unique alandier - vont déterminer l’avenir bornois. L’atelier d’Armand Bedu est ouvert aux jeunes artistes ainsi qu’à François Guillaume, qui y pratique lui-même la céramique depuis plusieurs années, alors qu’il est négociant en Arts de la table à Bourges ; il passe commande aux premiers sculpteurs installés pendant la guerre, Jean Lerat et André Rozay puis à Jacqueline Bouvet qui seront quelques temps ses salariés. Ces pionniers sont ensuite rejoints par des artistes céramistes, issus d’écoles d’art, souhaitant privilégier le volume et la matière dans une autre esthétique que celle du décor et de la couleur représentée à partir de 1946 par Vallauris et Picasso. Ainsi, viennent vivre à La Borne et à ses alentours : Vassil Ivanoff, Pierre Mestre, Élisabeth Joulia, Yves et Monique Mohy, puis Anne Kjærsgaard, Jean Linard, Claudine Monchaussé, Gwyn Hanssen-Pigott ; chacun ouvre un atelier et construit son four à bois3. Le nombre de céramistes ne cessera d’augmenter dans les décennies suivantes : les anciens élèves ayant suivi la formation des Lerat partis vivre à Bourges pour enseigner à l’École des Beaux-arts4, les étrangers attirés par les fours à bois, les tourneurs qui s’installent après la fermeture de l’entreprise Digan Grès5. Aujourd’hui, une centaine de céramistes, potiers, sculpteurs, artistes de la matière, riches d’une douzaine de pays, vivent dans une quinzaine de communes autour de La Borne.

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