Le four dragon de Ruelle

      

Ce four dragon a été construit en deux semaines dans mon jardin, il a un volume utile d’environ 300l pour une température de cuisson d’environ 1000 °. Sa conception est inspirée des fours médiévaux à flamme directe, comme ceux du site archéologique de Saran, près d’Orléans.

Sa structure est en briques réfractaires, les volumes extérieurs sont réalisés avec du torchis et des formes modelées et cuites préalablement. Il est particulièrement bien adapté pour cuire des terres polies ou sigilées, avec possibilité d’embraisage par le haut du four.

Voici quelques images de sa fabrication, la première cuisson fut réalisée le 6 juin 2010, par une belle journée de printemps.

 

Tout d’abord, il convient de décaisser sur une profondeur de 60 à 70 cm de profondeur, en prenant soin de réaliser une pente de 10 à15%  pour l’alandier qui a une longueur d’environ 1,2 m (5,5 briques). Le diamètre intérieur du four fait 70 cm au sol, la largeur de l’alandier (foyer) fait 50 cm. J’ai scellé à la chaux des morceaux de plaques réfractaires sur le sol. 

Je rappelle que les briques ont une dimension de (22 X 11 X 6) cm, ces briques ordinaires sont en terre cuite, il n’est pas nécessaire d’utiliser des briques réfractaires pour une température de cuisson de 1000 à 1050°. La “colle” utilisée pour fixer les briques est une terre/sable naturelle, il faut penser à tamiser ce mélange (à sec!) avec un tamis pourvu de mailles assez grosses, 5 à 8 mm, pour faciliter le travail de maçonnerie.

La petite avancée carrée en haut du four est le départ de la deuxième cheminée, la grosse tête de dragon, cette cheminée n’a pas d’utilité fonctionnelle, elle est construite simplement pour le plaisir des yeux, on peut donc construire ce four sans cette cheminée.


 

  Les parois de l’alandier sont montées droites les quatre premières couches, puis l’on resserre de 2 cm vers l’intérieur à chaque couche supplémentaire pour commencer à former la voute. Sur ce four, j’ai posé de grosses plaques réfractaires pour réaliser cette voute, l’on pourrait continuer à refermer l’alandier en continuant le décalage des briques vers l’intérieur, puis  poser des briques en largeur comme clé de voute, l’alandier serait alors plus haut sans que cela nuise au bon fonctionnement. J’ai scellé deux grosses plaques métalliques sur la 6 ème couche de briques pour faciliter la combustion du bois.


Le passage de flamme pour la sortie secondaire a une surface d’environ 20X30 cm, il est préférable de placer un registre (plaque réfractaire) pour fermer à la demande cette cheminée. L’on peut observer sur cette photo que j’ai fait un décalage vers l’extérieur de 2 cm à partir de la sixième couche, ceci pour agrandir le volume utile du four ( 2 à 300l) et pour réaliser une assise solide pour la grille suspendue qui s’appuie sur ces briques.

CONSTRUCTION DE LA GRILLE RÉFRACTAIRE

Cette grille sera construite en béton réfractaire directement sur place, il faut donc réaliser la forme intérieure sur laquelle l’on coulera ce béton, en prenant soin de laisser les passages de flamme.


Obstruction des passages de flammes avec des briques.

 

La mise en forme intérieure de la voute est réalisée avec des matériaux divers servant simplement à donner du volume, puis cette forme est précisée avec du sable argileux comme sur la photo de droite.

 

J’ai ensuite posé sur ce sable une couche de plâtre de un centimètre pour en rigidifier la surface, puis je l’ai recouvert d’un plastique pour un meilleur démoulage. Les 7 passages de flamme sont réalisés en terre comme sur les photos ci-dessous.

BETON RÉFRACTAIRE

J’ai utilisé deux sacs de 25 kg de ciment “fondu” de Kernéos avec les proportions suivantes:

  • 25 kg de fondu
  • 10 l d’eau
  • 25 kg de chamotte réfractaire 0,2/1 mm
  • 40 de briques et plaques concassées

 

C’est un béton a à prise rapide. J’ai ensuite retiré les supports et la terre qui formait le passages des flammes, puis repassé à l’intérieur des trous une couche (50% fondu/50% chamotte) pour avoir des parois lisses. La sole ainsi formée doit  être bien horizontale.

 

Cette grille est extrêmement solide et supporte aisément le poids d’une personne après un séchage d’une journée minimum, elle peut en outre résister à  une température de plus de 1200°.

 

Placement de la grosse tête de dragon et construction du registre.

 

Le remplissage à l’extérieur des briques doit être très solidement réalisé avec des pierres et de la chaux pour que la structure du four ne s’écarte pas.

 

J’ai réalisé les parois du four avec des demi briques en resserrant les couches de briques, il faut être généreux sur la quantité de coulis utilisé pour bien coller ces briques, les calages se font avec des morceaux de briques ou de plaques réfractaires. Bien penser à conserver l’horizontalité. Sur la dernière couche, j’ai placé une fine couche de ciment réfractaire (50/50)  pour solidifier le haut du four qui supportera la cheminée.

VOLUMES EXTÉRIEURS DU FOUR

 

Un torchis est réalisé en mélangeant de l’argile avec de la paille hachée, au broyeur à végétaux ou avec une tondeuse à gazon. Il sert à donner du volume et, ainsi, à sculpter le four. Il améliore également l’isolation du four. Les ailes sont faites avec une petite structure métallique recouvert de grillage et de torchis. Diverses argiles donnent de la couleur au dragon.

La tête repose sur des briques disposées en couronne, elles sont amovibles puisque le chargement des céramiques dans le four se fait par l’ouverture circulaire. Ces céramiques sont empilées les unes sur les autres comme cela se pratiquait dans les fours médiévaux

 

LA CUISSON:

2 à 3 stères de “charbonnette” sec suffisent pour cuire ce four en une cuisson de 8 à 10 heures. Quand le four est suffisamment chaud les flammes sortent généreusement de la gueules des têtes de dragon et par toutes les ouvertures à chaque charge de bois, comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous.

 


 


  


 

La tête du dragon a été réalisé avec une bonne terre à raku et cuite préalablement à 1150° dans un four à gaz.