PRESENCE de la NATURE
Recueillir des « petits fragments de nature » d’origines végétale, animale, ou minérale, est une activité familière. Ces petits objets encombrent peut-être encore nos étagères et remplissent nos boîtes à secrets.
Ces coquillages, morceaux de bois, galets polis par l’océan, fossiles,…comme autant de témoignages de vies figées, touchent intimement notre sensibilité et résonnent en nous par leurs formes, leurs couleurs et leurs douceurs au toucher quand ils sont polis par le temps.
Le premier regard porté sur ces objets est libre de toute approche conceptuelle, l’on perçoit alors sans le découpage méthodique de l’intellect qui évalue, compare, et classe les perceptions; cette « non-relation » est sans référence à la mémoire, au connu. Nous sommes alors le témoin silencieux de cette intimité qui s’offre à nous avec bonheur et émotion, tel un "nous-même" retrouvé dans un instant hors du temps.
Puis notre agitation dissimule ce ressenti initial pour laisser place au discours intérieur avec parfois comme un parfum de manque et de nostalgie.
C’est cette nostalgie qui m’invite à façonner ces objets de terres, d’eau et de feu qui conjuguent et fossilisent la magie du vivant, comme autant d’invitations pour un autre regard, pour une vision de la vie que nous partageons tous et que, souvent, nous oublions.
Dominique Legros
QUELQUES PAROLES DE JEAN KLEIN...
"Percevoir n'est pas une fonction. C'est pourquoi ce qui est perçu conduit tout droit à ce qui perçoit. La conscience perçoit. Vous ne pouvez percevoir ce qui perçoit, car cela même vous l'êtes.""L'artiste explore l'objet. Il met l'accent sur l'objet. L'objet est passif, la vision de l'artiste est active, extravertie. Chercher la vérité, c'est mettre l'accent sur la vision, sur l'ouverture. L'artiste n'explore pas l'objet en tant que tel, il s'en sert uniquement pour s'installer dans la vision. L'objet se révèle dans l'attention, il nous ramène à l'attention. L'artiste est momentanément réceptif, mais il est tendu vers un but. Il cherche quelque chose et quand il le trouve, il le garde. Celui qui cherche la vérité ne se trouve que dans le regard."
"Pour parvenir à une expérience esthétique, nous devons être totalement réceptif, disponible, libre de toute mémoire, pour être ouvert au jeu des couleurs, des sons, des rythmes et des formes. Cette ouverture du regard est la lumière qui sous-tend toutes les sensations et, tôt ou tard, nous nous trouverons consciemment dans cette lumière. Regarder une oeuvre d'art de cette façon est réellement créateur. Il n'y a pas d'analyse dans le regard. Chaque fois que nous en sommes frappés, nous sommes ramenés à notre véritable nature."
Jean Klein
"La conscience et le monde"
Éditions Accarias-L’Originel, traduction d'Alain Porte
"La découverte de votre nature réelle ne peut se réaliser par la mémoire. Elle arrive par l'attention multidimensionnelle qui a lieu naturellement lorsque la mémoire est absente. Cette attention innée est écoute. Lorsque vous êtes dans l'écoute, vous vous sentez dans la vastitude, dans l'immensité où il n'y a personne qui écoute ou qui regarde. Dans l'écoute seule."
"L'écoute est une ouverture à la vie, sans référence au déjà connu. La découverte réelle ne survient que dans l'instant immédiat. Nous ne pouvons jamais comprendre l'inconnu à travers le connu"
"L'écoute n'est pas un processus cérébral. Ce n'est pas une fonction. C'est une sensibilité ouverte, libre de toute anticipation, accomplissement ou réussite. Ce n'est pas une attitude que l'on assume, pas plus qu'elle n'est confinée aux oreilles, de même que lorsque vous comprenez quelque chose et que vous dites "je vois", cela n'a rien avoir avec les organes de la vue...... Vos cinq sens, votre intelligence et votre imagination sont libérés et entrent en jeu. Vous les ressentez comme étant totalement dilatés dans l'espace, sans centre ou périphérie. L'ego qui est une contraction ne peut trouver prise dans cette présence, et l'anxiété, la sympathie ou l'antipathie se dissolvent. Vous sentez cette totalité sans la sentir. Vous la sentez mais vous ne pouvez la catégoriser dans aucun sentiment connu. Les organes des sens ne sont pas les indicateurs de la conscience globale. Mais en général, ils s'approprient l'objet apparent et l'empêchent de se déployer dans votre plénitude. Essayer de regarder et d'entendre sans vous centrer sue des objets spécifiques. Laisser votre oui-e et votre vue trouver leur multidimension organique."
"En général la fonction mentale domine nos sens, notre perception. Pour que l'écoute globale, qui est notre état organique, se produise, cette domination doit cesser. Dans la tranquillité, le mental fonctionne, prenant sa place avec le reste des fonctions corporelles, mais son fonctionnement ne se réfère plus à un centre. Il perçoit et nomme seulement. Un mental qui est simplement en mouvement n'est pas un problème. Au contraire, lorsque l'intellect est fondé sur le silence, tout de réfère spontanément à cette base. Vous voyez une rose. L'intellect la perçoit et la nomme. Fonctionnement parfait. Mais ensuite il continue et commence à interférer avec la perception, l'empêchant de se déployer dans la perception directe. La personne imaginaire, le centre des points de vue voit la couleur et la compare, ou l'aime, ne l'aime pas, peut-être. Elle pense à sa beauté ou se souvient à quelques référence passée. Mais durant cette activité où est le parfum réel de la rose?
L'activité psychologique est fractionnelle et successive. Il ne peut y avoir qu'un percept et un concept à la fois, donc il est impossible de ressentir la totalité de la rose à l'aide du fonctionnement mental de tous les jours. Vous ne pouvez qu'additionner ses partie. Mais le véritable parfum de la rose, ce qu'elle est réellement, n'est pas dans une collection de fractions. Lorsque vous prenez du recul par rapport à l'accentuation des parties, lorsque le mental devient tranquille, la rose est en vous. Vous êtes un."
"L'attention est une expression de cette tranquillité qui est votre être naturel"
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Jean KLEIN
Qui suis-je? La quête sacrée
édition:"Le relié"
traduction Agnès Lowy